Les Temples de rien

Résidence en milieu collégial du 15 février au 15 mars 2005 Vernissage de l'installation le mardi 10 mai 2005 à 17h30 En collaboration avec le Collège François-Xavier-Garneau 1660, boulevard de l"E

Catherine Plaisance |

Résidence en milieu collégial du 15 février au 15 mars 2005 Vernissage de l'installation le mardi 10 mai 2005 à 17h30 En collaboration avec le Collège François-Xavier-Garneau 1660, boulevard de l"Entente, à Québec (Café Oxymel, local A-1156)

Avec ce projet de collaboration entre LA CHAMBRE BLANCHE et le Collège F.-X. Garneau, Catherine Plaisance s’est immergée durant un mois dans un nouveau contexte pour réaliser une installation in situ. Neuf casiers, dont le rôle est normalement strictement utilitaire, sont utilisés comme réceptacles à diverses offrandes. Dans chacun de ces mondes, pavoisent des faux dieux représentatifs de l'attitude cynique de la jeune génération face à la religion. Inspirée par un séjour récent en Asie, Catherine Plaisance réfléchit à la perte de foi occidentale, et peut-être par-dessus tout, à ses propres croyances, ses propres valeurs.

Les Temples de rienLes Temples de rien (détail)Les Temples de rien (détail)Les Temples de rien (détail)


Bio

Pouvoir encore croire à l'authenticité de nos aveux, se croire puissant, tout puissant, se résumer comme un être en cavale, ne supportant pas la conclusion. Se diriger tout droit vers un infini balisé de toutes parts, s'imaginer ailleurs pour fuir le vrai, ne pas succomber à la tristesse à tout moment. Dans un monde de remous, Catherine Plaisance ressasse l'avenir de l'Homme en utilisant, comme matière à remaniement, son archétype premier, sa silhouette. Volées au hasard de promenades blanches, ces silhouettes sont utilisées somme convertisseurs de réalité, comme métaphore d'un vertige réveillant l'inconscient. Catherine Plaisance cherche l'échange, la correspondance et la résonnance. Elle se sert du quotidien banal pour provoquer des ruptures en supprimant le contexte premier des éléments, en imaginant autre chose, en cérant des sous-titres et des parenthèses. Elle entre en lien avec les gens par les moyens de la poste (Les Plaisance du monde entier), de biens d'emprunt (Je recherche des descriptions d'identité propre) ou encore par le vol de silhouettes (Les Suicidées, Caroussel de rencontre).

Démarche

Texte "manifeste" composé par Catherine Plaisance pour le projet "Les Temples de rien". Très fiers et heureux de notre affranchissement religieux, nous avons banni la foi au point de nous perdre, et moi, je suis bel et bien perdue. Alors pour être de mon époque, maintenant et simplement, je crois en la beauté du corps, à la richesse, aux gains et à la puissance de la séduction; je me mire, me regarde, m'écoute, me sens et me goûte. Je réponds à mon désir d'appartenance en tentant de correspondre à des styles bien précis et j'achète tout ce qu'il faut pour parfaire mon image. J'accepte les idéologies simples de leaders puissants qui semblent faire bonne unanimité, je me colle leurs discours dans le front par désir d'y correspondre et d'avoir, moi aussi, une idéologie quelconque à suivre. Qu'on me remarque, qu'on m'aime et surtout qu'on fasse mon éloge, car voyez-vous, je suis perdue... Qu'on me fasse vivre dans un monde de beauté et d'artifice, qu'on me love dans un de ces mondes où tout semble simple, facile et agréable. J'ai besoin d'un micro-monde auquel me rattacher, un petit univers où tout serait clair et limpide, une routine peut-être, pour ne pas me sentir égarée. Qu'on m'apporte n'importe où, je suivrai l'élan, qu'on m'enrobe, me dérobe, m'ensorcelle, qu'on m'englobe dans quelque chose de plus grand, une bulle, un courant, une mode. Promettez-moi, à tout le moins, la vie éternelle, je suis prête pour le congélateur, je vous donne mon corps pour l'expérience, pour renaître aussi jeune et belle beaucoup plus tard. J'embarque, car de toute façon je n'ai peur de rien. Je pourrais même m'enrôler car je crois en la liberté. Je suivrais les ordres avec discipline, je serais alors quelqu'un que l'on respecterait vraiment. J'ai toujours cru en la liberté. Je profiterais en plus de ces dures années pour m'entraîner au gym, je deviendrais très bien dans ma peau car avec mon corps découpé au couteau, je serais forte et séduisante à souhait. J'aime les diamants et le gâteau. Enrubannez-moi, décorez-moi du titre de Miss Univers que je sois reconnue au moins pour mon cul. Faites de moi une star, j'aimerais chanter, être populaire pour que tout le monde crie mon nom haut et fort. Une star de la télé et ma vie détaillée en images dans les revues dédiées aux grandes célébrités; moi à la plage, moi en voiture, moi au restaurant avec un ami mystérieux. J'en jubile déjà! Je suis, je vous suis, je ne suis pas loin derrière, je cours, je rattrape le groupe, je suis là, avec eux, je les supporte et ils me supportent en échange, nous nous validons mutuellement. Je recherche les sensations fortes, tout ce qui est démesuré, puissant, grand et éloquent; des sensations qui me rappellent que je suis en vie, qui me donnent le frisson et me chatouillent. La possession est aussi un refuge qui me convient vraiment, je possède tout ce que je désire, ces petites et grandes choses me font tellement de bien, je les regarde, les touche et les utilise. Sublimes objets, venez à moi! Ils me complètent, ils parfondent mon existence, l'allègent, la simplifient et surtout, ils la rendent vive et colorée aux yeux de tous et de toutes, alors du même coup, ils sont conquis et je les possède eux aussi... Je suis perdue, je vais prier aux temples... Catherine Plaisance




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